La Bosnie-Herzégovine est, on peut le dire, un état "mosaïque". Scindé en deux entités politiques depuis 1995, le pays est aujourd'hui terre de cohabitation entre Bosno-Serbes, Bosno-Croates et Bosniaques qu'on appelle aussi Bosno-Musulmans. Ces trois populations divisées reposent respectivement sur trois religions : le christianisme orthodoxe, le catholicisme et l'islam.
Pour mieux comprendre le pourquoi et le comment de ce morcellement, il faut revenir plusieurs années en arrière, quand la Bosnie était encore une République de Yougoslavie. En réponse à la montée des nationalismes exacerbée par la Seconde Guerre Mondiale, une fédération de six nations prend vie en Yougoslavie. Tito en prend la présidence.
Crédits photo Dessous des Cartes (Arte)
La Bosnie est alors reconnue comme une République tout comme la Slovénie, la Croatie, le Monténégro, la Serbie et la Macédoine.
Cette Yougoslavie fédérale n'aura pourtant duré que 45 ans. En 1991, 11 après la mort de Tito, la fédération éclate avec la fin du communisme, laissant de vieilles haines ressurgir entre les peuples. La Bosnie n'échappe pas à cette règle : la déclaration de son indépendance le 1er mars 1992 la plonge immédiatement en guerre. Les Serbes du pays, contre cette indépendance, choisissent à leur tête l'ultra-nationaliste Radovan Karadzic qui crée officieusement une République serbe. Il s'empresse alors d'envoyer une armée menée par le général Ratko Mladic se battre contre les Croates et les Bosniaques. Leur but est clair : instaurer une souveraineté serbe en purifiant la Bosnie de tous ceux qui ne le sont pas.
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Tuant, violant et déportant des opposants qui ne peuvent pas lutter, les Serbes s'emparent de 70% du territoire et assiègent des enclaves résistantes comme Sarajevo et Srebrenica. Oui mais voila, ces enclaves et notamment la dernière gênent Ratko Mladic. En juillet 1995, il décide donc de mettre en œuvre les massacres de Potocari et de Srebrenica. Le bilan est consternant : en l'espace de 5 jours, 10 000 civils bosniaques sont tués.
La communauté internationale qui a qualifié Srebrenica de génocide n'a pourtant presque rien fait pour l'empêcher. Si pendant la guerre l'ONU a envoyé des casques bleus, elle s'est montrée incompétente en voulant rester neutre et en refusant de prendre parti pour les victimes des Serbes de Bosnie.
Et si les accords de Dayton signés à Paris le 14 décembre 1995 ont mis fin à cette guerre qui a fait plus de 200 000 morts, ils n'ont fait que valider politiquement les frontières gagnées militairement. Fondés sur une contradiction fondamentale, ils restaurent une "multi-ethnicité" sur la base d'une division du pays en deux entités : la République serbe de Bosnie-Herzégovine et la Fédération croato-musulmane.
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14 ans après les accords de Dayton, la situation en Bosnie n'a pour ainsi dire pas changé. Et si les populations tentent localement de tenter des rapprochements, leur séparation géopolitique reste encore très marquée.
Refusant d'admettre son échec dans la gestion du conflit de Bosnie, la communauté internationale nous laisse croire que la situation ne peut pas s'améliorer car les Bosniens se détestent. C'est pourtant tout le contraire. Ce sont les différentes sources culturelles comme la religion qui poussent les trois peuples à se réunir pour se découvrir. La société civile est certainement la seule qui puisse intenter un profond changement et faire de la Bosnie-Herzégovine un pays uni. Un pays où le collectif serbe ne verra plus en Karadzic le héros d'un mouvement patriotique.
A l'heure où le tribunal pénal international accuse l'ancien chef Bosno-Serbe de génocide et de crime contre l'humanité, le "mythe" Karadzic ne semble pas se déconstruire. Pourtant de l'autre côté du mythe, ce sont les victimes qui méritent justice et qui encore une fois pourraient se retrouver lésées avec le report du procès en mars 2010 et la fermeture programmée du TPI l'année prochaine.
Crédits photo : http://www.rfi.fr/actufr/articles/103/article_69071.asp
Sources : Dzana.net et Dessous des cartes